Capsules d'histoire - Mémoire des femmes

La Maison Victor-Gadbois, une histoire de solidarité

 

L’abbé Gérard Dupont, Louise Bernard et Pierrette Vaillancourt (Photo : collection Pierrette Vaillancourt, s.d.)

C’est au Centre d’accueil Marguerite-Adam de Belœil, vers 1980, que les trois fondateurs de la Maison Victor-Gadbois se rencontrent. Louise Bernard, infirmière, et Pierrette Vaillancourt, préposée, font alors la connaissance de l’abbé Gérard Dupont qui deviendra leur complice dans ce projet qui les galvanise. Tout en assumant ses fonctions de curé, l’abbé Dupont est aumônier auprès des malades du Centre d’accueil. Les deux amies, fortes de leur expérience auprès des malades et des mourants, forment une équipe solide. Elles décident de partager leur rêve d’innover dans le domaine des soins palliatifs et de démystifier la mort pour qu’elle fasse partie de la vie. En 1980, Louise Bernard s’inscrit à un cours sur l’accompagnement des mourants et forme ensuite le personnel de Marguerite-Adam puis, deux ans plus tard, c’est au tour de Pierrette Vaillancourt, de l’abbé Dupont et de 20 autres personnes, employées et bénévoles, de suivre ce même cours. Pierrette Vaillancourt devient alors la coordonnatrice de ce service. Constatant combien les malades et leur famille ont besoin de soutien, le trio fonde, en 1984, l’organisme Présence Amie de la Montérégie avec l’aide du CLSC des Patriotes et du Centre d’action bénévole de la Vallée-du-Richelieu. Une visite à la Maison Michel-Sarrazin à Québec les convainc de la nécessité d’ouvrir une maison de soins palliatifs.

En 1986, un comité provisoire rédige une charte d’organisme sans but lucratif et constitue un conseil d’administration. Le choix du nom de Victor-Gadbois s’inspire de la longue tradition d’altruisme de cette famille de Belœil. On cherche une maison ou un emplacement et, surtout, du financement. Après quelques soupers-bénéfice, le député à l’Assemblée nationale Jean-Pierre Charbonneau rédige, avec quelques collaborateurs, une demande de subvention au gouvernement. Enfin, la corporation obtient 500 000 $, mais à condition d’amasser une somme équivalente ! Un terrain situé à Saint-Mathieu-de-Beloeil est donné par le président du CA, Rémi Carrier, et son épouse, Thérèse Chabot. Les démarches s’avèrent très longues : il faut dézoner l’emplacement, sensibiliser la population, recueillir des dons, former et animer les divers comités (des soins, du financement, de construction, de fonctionnement, etc.). C’est Louise Bernard qui anime et coordonne tandis que Pierrette Vaillancourt et l’abbé Dupont visitent les malades et les familles avec des médecins et des infirmières. Des personnes influentes, des associations caritatives et des entreprises de la région contribuent à l’atteinte de l’objectif financier et, en 1990, le ministère de la Santé et des Services sociaux accepte de verser la subvention. Les travaux sont inaugurés fin 1990 et menés par un entrepreneur de McMasterville jusqu’à leur achèvement en juillet 1991. Les installations sont complétées sans trop de frais grâce à la débrouillardise de Pierrette Vaillancourt et à la participation de bénévoles. Enfin, le 24 janvier 1992, le premier patient est accueilli dans une maison chaleureuse qui n’a pas de dette.

En 2022, la Maison Victor-Gadbois a célébré ses 30 ans durant lesquels elle a accueilli 5 516 patients. Son budget annuel (5 325 000 $) provient de subventions gouvernementales (66 %) complétées par des activités régulières de financement. Pour veiller au bien-être des occupants de ses 12 chambres, la maison compte, à temps complet ou partiel selon les cas, 78 employés, 185 bénévoles, trois médecins, des infirmières, des préposés, deux psychologues, une musicothérapeute ainsi qu’un aumônier et une cuisinière. Toute cette équipe vient vivre avec des personnes en fin de vie qui ont besoin d’être entourées, soignées, écoutées, rassurées. Des formations sur l’accompagnement sont offertes et le Centre de jour accueille les malades référés de l’extérieur. Voilà l’impressionnant résultat du long travail de trois personnes remarquables, animées d’un même rêve, qui ont su persévérer et susciter l’engagement solidaire des gens du milieu dans le but commun de rendre la vie plus humaine jusqu’à sa fin.

— Louise Langevin, 2023

Références

Hudon, Danielle. La Maison Victor-Gadbois déjà vingt ans depuis 1992. Pour que la vie continue, Belœil, Maison Victor-Gadbois, 2011, 103 p. https://maisonvictor-gadbois.com/accueil

Entrevue avec madame Pierrette Vaillancourt, 3 mars 2023.