Capsules d'histoire - Mémoire des femmes

Monique Lecours, une agricultrice exemplaire de Mont-Saint-Hilaire (1936-2022)

 

Monique Lecours, avicultrice et productrice maraîchère, était convaincue qu’il fallait développer l’achat local, 1996. (SHGBMSH, fonds L’Œil Régional).

Monique Lecours, avicultrice et productrice maraîchère, était convaincue qu’il fallait développer l’achat local, 1996.

Cette femme hors du commun mérite que soient rappelées ses remarquables réalisations d’avicultrice maraîchère, de citoyenne et de féministe. Monique Lecours a milité toute sa vie, surtout dans le domaine agricole, pour la solidarité, l’égalité des hommes et des femmes, et la justice sociale.

Née sur une ferme à Saint-Antoine-sur-Richelieu en 1936, fille de Wilfrid Lecours et d’Armandine Marchessault, elle obtient son brevet d’enseignement à 17 ans, en 1953. Son mariage avec Claude Bernard en 1960 l’amène à Mont-Saint-Hilaire, au 1254, chemin Ozias-Leduc, où le couple démarre une production d’œufs de consommation à laquelle Monique ajoute, en 1965, une activité maraîchère visant à promouvoir l’achat local. La ferme prospère et, en 1999, leurs deux filles, Lucie et Chantale, s’y associent avec leurs conjoints Claude Barnabé et Stéphan Langevin.

Parallèlement à cette activité de productrice avicole, Monique Lecours, consciente du statut précaire des femmes impliquées avec leur mari dans une entreprise commune, fonde L’association des femmes collaboratrices et partenaires en affaires (1980). Interrogée par L’Œil Régional à l’occasion de la Journée internationale des femmes en mars 1996, elle avoue avoir dû se battre pour faire reconnaître le rôle majeur des épouses dans l’entreprise agricole. « Je suis passée de l’étape où j’étais perçue comme une féministe enragée à celle de la reconnaissance » explique celle qui est également la première femme élue à la présidence de son syndicat régional à l’Union des producteurs agricoles de Rouville. En 1980, elle devient officiellement partenaire, à parts égales avec son mari, de la ferme avicole fondée en 1960.

Les implications de Monique se succèdent. Tout en présidant l’AFEAS à Belœil, elle fonde en 1984, avec trois autres femmes, le Comité québécois femme et développement (CQFD) dans le cadre de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI). Elle participe en 1999 à une tournée en Amérique du Sud visant à informer, réseauter et soutenir les groupes de femmes pour accroître leur rôle dans le développement. La direction de la Fédération de l’Union des producteurs agricoles de Saint-Hyacinthe n’avait jamais eu de femme agricultrice dans ses rangs jusqu’à l’arrivée de Monique Lecours en 1988 : elle y préside durant 10 ans plusieurs comités chargés d’étudier, entre autres, le bien-être des animaux. Reconnaissant son expertise, le Conseil consultatif canadien de la situation de la femme fait appel à elle pour représenter les agricultrices. Infatigable, elle conçoit et réalise sept émissions à la télévision communautaire de la Vallée-du-Richelieu en vue de stimuler l’achat local, tout en donnant le cours « Femme en agriculture » à l’ITA de Saint-Hyacinthe et à la formation continue au cégep de Joliette. Tout ça dans les années 1984 et 1985 !

Dans sa communauté, elle est membre de la commission d’appel de la Société du crédit agricole (1990), vice-présidente du Centre local de développement de la Vallée-du-Richelieu (1998) et du Comité consultatif sur l’agriculture de la Ville de Mont-Saint-Hilaire, marguillière de la paroisse de Mont-Saint-Hilaire (1999) et présidente d’honneur de Muséobus pour la Journée internationale des femmes. Désirant établir des liens de la terre à la table, Monique Lecours accueille régulièrement sur la ferme de nombreux jeunes. Avec son mari Claude, elle est membre de la SHGBMSH durant plusieurs années.

De nombreuses distinctions jalonnent son parcours : lauréate régionale du syndicat des agricultrices de Saint-Hyacinthe, en 1998, « agricultrice de l’année », par la Fédération des agricultrices du Québec (1998 et 1999). En 2000, intronisation au Temple de la renommée de l’agriculture du Québec et, honneur important, le premier ministre Lucien Bouchard la nomme chevalière de l’Ordre national du Québec. En 2001, « Personnalité de l’année et grande richeloise » de la Chambre de commerce de la Vallée-du-Richelieu et « Avicultrice émérite » de la Fédération des producteurs d’œufs du Québec. En 2005, le Centre de la nature de Mont-Saint-Hilaire lui décerne le prix d’excellence Alice-E.-Johannsen en reconnaissance de son implication pour la protection du périmètre de la montagne. Le Carrefour des aînés du CLSC des Patriotes lui rend hommage en 2006.

Entourée de sa famille, Monique Lecours décède en 2022 à l’âge de 85 ans après une vie vouée au bien de sa communauté et de ses concitoyennes.

— Louise Langevin, 2024

Références

Comité québécois femmes et développement de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale, Politique d’égalité entre les femmes et les hommes, 2013, p. 4., consulté le 7 janvier 2024.

Fédération des producteurs d’œufs du Québec, « Ferme Lecours-Bernard inc. », consulté le 7 janvier 2024.

Lecontrecourant.com, « Saint-Antoine-sur-Richelieu : un dernier hommage à Mme Monique Lecours », s.d., consulté le 7 janvier 2024.

Laurent-Paul Ménard et Louise Chevrier, « Les femmes à l’heure de la détermination tranquille », L’Œil Régional, 9 mars 1996, p. B1

Québec, Ordre national du Québec. « Monique Lecours (1936 – 2022), Chevalière (2000) », s.d., consulté le 7 janvier 2024.

Salon funéraire Demers, « Monique Lecours 1936-2022 », consulté le 7 janvier 2024.

Temple de la renommée de l’agriculture du Québec, « Admise en 2000. Monique Lecours », s.d., consulté le 7 janvier 2024.