En 2004, Beloeil fêtait le centenaire de son incorporation en municipalité de village. C’est en effet le 9 décembre 1903 que l’assistant procureur général de la province « constituait, érigeait et déclarait » la municipalité du village de Beloeil, érection officialisée dans la Gazette officielle de Québec du 19 décembre. Le nouveau territoire longeait le Richelieu sur une profondeur d’environ 600 m (à la hauteur de l’actuel boulevard Cartier), depuis la Montée des Trente (maintenant Bernard-Pilon) jusqu’aux environs de ce qui est maintenant la rue Noiseux.
Le 26 août précédent, les deux-tiers des électeurs de la municipalité de la paroisse de Beloeil avaient déposé au bureau du conseil municipal du comté de Verchères une requête en ce sens, signée par 66 propriétaires habitant ce qui allait devenir le village de Beloeil.
Beloeil existait alors depuis deux cents ans. La seigneurie de Beloeil avait été concédée le 18 janvier 1694 mais un début d’administration locale ne vit pas le jour avant 1770, avec l’institution des baillis qui firent place aux officiers de milice vers 1785. Baillis et capitaines de milice étaient les ancêtres des maires d’aujourd’hui. Mais ces officiers « pré-municipaux » vivaient dans des paroisses religieuses qui n’avaient même pas de lettres patentes : Beloeil était encore une « mission », d’une certaine façon. L’érection canonique de la paroisse régularisa la situation le 23 mars 1832. Trois ans plus tard, le 2 juillet 1835, la paroisse religieuse de Beloeil était reconnue civilement; de cette façon les frontières religieuses devenaient aussi les limites civiles.
C’est au cours des années 1840 que les maisons du Vieux-Beloeil (sauf celles le long de la rue Richelieu, déjà érigées) furent progressivement construites. Les premières règles d’urbanisme furent alors édictées afin d’assurer un développement cohérent. À la même époque (1845), on créait la municipalité de Saint-Mathieu-de-Beloeil, rapidement abolie deux ans plus tard pour faire partie de la municipalité de comté de Verchères. En 1855, on en revenait à la municipalité de la paroisse de Beloeil, dont fut détachée en 1903 la municipalité du village dont on fête actuellement le centième anniversaire.
Résumer les derniers cent ans d’histoire est impossible. Rappelons simplement qu’en 1904 était formée la Compagnie d’aqueduc et d’éclairage de Beloeil et qu’en 1914 la corporation du village obtenait son statut de ville et commençait à distribuer de l’électricité à 900 clients. C’était alors la Première Guerre mondiale et plusieurs travailleurs étrangers s’établissaient à Beloeil pour travailler à la poudrière construite en 1878. Ils voyageaient par la voie ferrée mise en place à la fin de 1848. La croissance de l’usine et le trafic des voyageurs et des marchandises par le train entraînèrent la création de Beloeil Station, le quartier de la gare de Beloeil.
En 1936 débutèrent les travaux de la route Montréal-Québec (route 9) qu’on nomma officiellement boulevard Sir-Wilfrid-Laurier en 1950. La construction du pont routier en 1940-1941 entraîna la fin du service de deux des trois bacs qui reliaient jusque là Beloeil à Saint-Hilaire. La fondation de la paroisse Sainte-Maria-Goretti remonte à 1952 et c’est en 1956 que le Club nautique Beloeil - Saint- Hilaire reprit ses activités. Le centenaire de la confédération, en 1967, amena la construction du Centre culturel et de l’aréna. Ces années étaient marquées par une croissance considérable de Beloeil facilitée par la construction de l’autoroute transcanadienne (1964). L’afflux de population explique l’ouverture des Galeries Montenach en 1959 et la construction du Mail Montenach en 1975.
Que ce soit dans les domaines politique, économique, social, culturel ou sportif, Beloeil a vécu un essor remarquable au cours des dernières cent années et cet album illustre à sa façon les transformations de la municipalité.
Pierre Lambert
Référence: «Beloeil 100 ans» Cahier d’histoire de la SHGBMSH, no 73, février 2004, Extrait