Capsules d'histoire - Artistes de la région

 

François Noiseux par Louis Delongpré (1796), portrait au pastel, Musée du Québec

Deux artistes à Belœil autrefois

Les œuvres d’art antérieures à invention de la photographie sont particulièrement précieuses pour connaître les personnages ou les paysages d’autrefois. Mais ces témoignages sont rares dans nos paroisses, car les artistes n’avaient pas beaucoup de raisons pour se diriger vers les petites paroisses rurales d’autrefois. J’ai retracé deux artistes qui passèrent à Belœil avant 1850, Louis Dulongpré et John Bainbrigge.

Louis Dulongpré (1759-1843), né à Saint-Denis (prés de Paris), s’établit à Montréal en 1784 et se perfectionne en peinture aux États-Unis en 1793-1794. De retour dans la métropole. Il se lance dans une carrière qui l’amène à réaliser un grand nombre de portraits et de grands tableaux religieux.

Au cours des années 1795-1805, Dulongpré exécuta plusieurs pastels des personnages importants de nos paroisses. L’artiste voyageait d’un endroit à l’autre, s’arrêtant chez les notables pour leur offrir ses services. À Belœil, il fit deux pastels représentant les parents du curé François Noiseux : Marie-Anne Guilbault et François Noiseux (père). Ces deux pastels furent peints en 1796, quelques mois avant que le curé quitte Belœil pour Trois- Rivières avec ses parents.

Le pastel de la mère du curé apparaît dans mon livre Les origines de Belœil comme d’ailleurs celui de son père, que je reproduis ici. Ce pastel, considéré comme l’un des mieux réussis de Dulongpré, représente le père du curé dans son beau costume des grandes occasions. C’était un personnage important; il avait déjà été capitaine de milice à Cap-Rouge et ne détestait pas qu’on lui redonne le même titre à Belœil. Installé au presbytère avec sa famille, il était de toutes les cérémonies importantes.

Le mont Saint-Hilaire par Philip John Bainbridgge (1842), aquarelle sur mine de plomb, Bibliothèque et Archives nationales du Canada

Sautons maintenant un demi-siècle et rencontrons John Bainbrigge.

L’aquarelliste Philip John Bainbrigge (1817-1881) fit ses études dans une académie militaire anglaise, à une époque où le dessin (la photographie n’étant pas répandue) était encore une matière importante. Il arrive au Québec en 1836 et y passera six ans en garnison, profitant de ses affectations ou de ses temps libres pour représenter à l’aquarelle différents paysages de la province.

En 1842, il dessine une petite aquarelle sur mine de plomb et papier, qui mesure à peine 16×22 cm et qu’on intitule Le mont Saint-Hilaire. Cette aquarelle fait partie des Archives nationales du Canada, mais les amateurs ont eu la chance de l’admirer il y a quelques années au musée des Beaux-Arts de Montréal. L’œuvre a été reproduite en couleurs sur la couverture du livre Les origines de Belœil.

L’aquarelle de Bainbrigge est le plus vieux paysage de Belœil connu à ce jour. Elle date de 1842, car on voit sur le mont Saint-Hilaire, en arrière-plan, le monument de la croix construit l’automne précédent; c’est une des dernières aquarelles de l’artiste qui quitta le Québec en août 1842. L’artiste s’est installé dans la campagne derrière le village de Belœil. Il est à proximité de la maison de pierre du capitaine de milice de Belœil identifiable à son grand mat associé à la fonction de capitaine dans la paroisse. Voilà donc un témoignage extrêmement précieux sur le Belœil d’autrefois.

 

— Pierre Lambert, 1994 (mis à jour en 2020)