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Les premières appellations du Richelieu

 

Goélette sur le Richelieu. Photographie de Louis-Philippe Martin. SHBMSH, fonds Armand-Cardinal

Nous savons tous que le Richelieu a porté plusieurs noms avant que finalement cette appellation l’emporte au XIXe siècle. Aperçue pour la première fois par Jacques Cartier, Champlain lui attribue en 1603 un premier nom, Rivière des Iroquois, car c’était la route utilisée par ces Amérindiens dans leurs attaques.

Le cours d’eau commence à porter le nom de Richelieu à la suite de la construction du fort Richelieu à Sorel, en 1642. Au cours des années 1670, on l’appelle également Rivière Saint-Louis, en rappel du fort Saint-Louis construit par Jacques de Chambly en 1665. Cependant, la rivière commence aussi à être appelée Chambly avec le début de la colonisation à cet endroit. Au milieu du 18e siècle, alors que le toponyme Rivière des Iroquois disparaît progressivement, la confusion toponymique s’installe avec l’utilisation des appellations Rivière Saint-Jean, Rivière Sorel, Rivière du lac Champlain et Rivière Saint-Pierre.

Bien avant que Français et Anglais commencent à dénommer le Richelieu, celui-ci portait déjà plusieurs noms amérindiens, des noms qui ne furent jamais utilisés par les voyageurs qui empruntèrent le cours d’eau à la suite de Champlain. Par exemple, lorsque les Français commencèrent à appeler le cours d’eau Rivière des Iroquois, ils ne faisaient que reprendre dans leur langue le mot utilisé par les Abénakis, Magwaizibo.

Dans une récente publication de la Commission de toponymie du Québec, La toponymie des Abénaquis, Pierre Paré identifie un autre nom du Richelieu, Masoliantekw, Rivière de beaucoup d’argent. On présume que le nom se rapportait à la richesse économique qui découlait des activités de troc auxquelles s’adonnaient les Abénakis. On connaît enfin un troisième nom utilisé par les Abénakis pour désigner le Richelieu, Massenzibo qui voudrait dire, d’après Monique Guillot, Rivière de la pointe à la chevelure, dans le sens de Rivière du scalp, à cause évidemment du sort qui attendait les guerriers vaincus au cours des guerres entre Abénakis et Iroquois. Dans un message récent, Pierre Paré nous indiquait cependant que Massenzibo signifiait la Grande Rivière, parce que le Richelieu était autrefois une voie de communication majeure.

Sources : Magwaizibo : Gordon M. Day, In Search of New England’s Native Past , Amherst, Univ. of Mass. Pr., 1998. Massenzibo : Guillot, Monique, « Circuit touristique: au fil du Richelieu », dans L’Information d’Affaires Rive-Sud , mai 2002, p. 19. Avec des précisions par Pierre Paré dans un message Internet du 4 décembre 2002. Masoliantekw : Pierre Paré, La toponymie des Abénaquis, Québec, Commission de toponymie, 1985, p. 52.

— Pierre Lambert, 2003 (mis à jour en 2020)