Capsules d'histoire - Commerce et industrie

Le premier hôtel de la montagne (1851-1861)

Les amateurs d’histoire de la région savent tous qu’il exista autrefois un très gros hôtel au mont Saint-Hilaire, l’Iroquois House, un hôtel qui exista de 1874 à 1895. Cet hôtel avait été précédé par un autre hôtel que le seigneur Campbell avait également fait construire dans la montagne et qui fut en opération de 1851 à 1859. Les témoignages sur les activités de cette auberge sont très rares et tant qu’on n’en aura pas trouvé le contrat de construction, nos connaissances demeureront très fragmentaires.

On connaît à ce jour trois références à cette auberge. Amédée Papineau (fils de Louis-Joseph), dans un Journal écrit presque au jour le jour, la mentionne à l’occasion de son excursion au mont Saint-Hilaire en 1850; c’est sans doute la source la plus fiable. Isidore Desnoyers s’y réfère dans son histoire Paroisse de St-Hilaire, écrite trente ans plus tard et qui s’appuie probablement sur des témoignages hilairemontais. Charles Chiniquy, enfin, mentionne son passage à cet endroit dans ses Mémoires écrits également trente ans plus tard; cet ouvrage est truffé d’erreurs, d’oublis et d’exagérations.

Papineau indique qu’à la base même de la montagne existait alors un établissement appelé Hôtel du Mont Saint-Hilaire, qualifié par le voyageur de mauvais cabaret et de misérable chaumière. Cette auberge est probablement celle que tenait en 1849 Jean-Baptiste Fontaine sur le chemin des Moulins, à l’intersection de la rue Berger.

Quant à l’auberge qui nous intéresse ici, elle fut construite en 1850 et ouverte aux touristes en 1851. Elle était située sur une avancée rocheuse qui lui permettait de dominer toute la plage du lac, à proximité de la digue à la sortie du lac Hertel. C’était une construction de pièces sur pièces en forme de chalet suisse, c’est-à-dire avec une « couverture en courbe par le bas, surpassant le toit d’environ dix pieds ». D’après Desnoyers, cette auberge avait deux étages et mesurait 120 pieds par 44. Chiniquy, qui y passe en février 1859, écrit qu’on y trouvait « une grande salle qui pouvait contenir plusieurs centaines de personnes », probablement une exagération dont il avait l’habitude. Je le soupçonne de confondre la première auberge avec l’hôtel Iroquois construit plus tard. Desnoyers raconte que Thomas Edmund Campbell, le propriétaire de l’hôtellerie, l’avait appelée le Café Campbell.

Cet édifice fut détruit par le feu en septembre 1859.

— Pierre Lambert, 2003 (mis à jour en 2020)