Capsules d'histoire - Commerce et industrie
L’origine du téléphone à Belœil et Saint-Hilaire
.À quel moment les téléphones sont-ils apparus dans notre agglomération? Les documents pour le savoir sont peu nombreux.
Le plus ancien de ces documents est un contrat de location par lequel la Bell Telephone Co of Canada louait à Bruce Campbell, pour la somme de 90 $, des équipements téléphoniques à être utilisés à l’hôtel Iroquois, dans la montagne, et à Saint-Hilaire Station.
Il s’agit d’un contrat annuel daté de 1888. On ignore si c’était un premier contrat et s’il y en eut plusieurs. C’est en tout cas la plus ancienne mention de téléphone dans la région. Il y avait donc alors une ligne téléphonique entre la gare de Saint-Hilaire et l’hôtel de la montagne, sans doute pour prévenir la direction de l’arrivée des clients et leur envoyer une voiture. Les Montréalais, quant à eux, possédaient le téléphone depuis 1879.
La compagnie Bell prolongea bientôt son propre réseau vers notre agglomération. Dans le plus ancien annuaire où apparaît le nom de Saint-Hilaire, en 1891, on lit qu’il est possible de faire des interurbains entre l’hôtel Iroquois et Montréal pour la somme de 25 cents. En 1894, il existait en plus une ligne téléphonique entre Saint- Denis et Saint-Hilaire.
Il semble que Belœil ne possédait pas encore le téléphone au début des années 1890. Les fils qui venaient de Montréal passaient probablement par le pont ferroviaire et allaient directement à Saint-Hilaire.
Le premier réseau téléphonique entre Belœil et Saint-Hilaire fut créé en 1894 par le docteur Ernest Choquette, de Saint-Hilaire. À cette époque, le médecin courtisait la fille de son collègue, le docteur Cléophas Perrault de Belœil, et se plaignait d’être incapable d’aller la voir lorsque le temps était mauvais ou lors du gel et du dégel de la rivière. Son frère, l’abbé Charles- Philippe Choquette, professeur de physique au Séminaire de Saint-Hyacinthe, lui indiqua qu’il serait très facile de passer un fil au fond de la rivière et de communiquer avec sa fiancée grâce à cette nouvelle invention qu’était le téléphone.
Le docteur conserva cette ligne téléphonique même après son mariage et il s’associa avec le marchand de Belœil Calixte Guertin pour former la Compagnie de téléphone de Belœil et de Saint-Hilaire et administrer un petit réseau entre les deux villages. Une vingtaine de personnes avaient voulu rapidement s’abonner et le nombre augmenta jusqu’à environ 50, 35 à Belœil et 15 à Saint-Hilaire. On a retracé, dans les archives de Saint-Hilaire, une rare référence à cette compagnie : c’est une autorisation, en 1894, de planter des poteaux le long des chemins du village, les poteaux devant servir également (a certains endroits tout au moins) à acheminer les communications télégraphiques de la Great North Western Telegraph Company. Les communications par télégraphe existaient probablement depuis le parachèvement de la voie ferrée en 1848.
En 1898, la compagnie Bell commençait à développer son réseau à Saint-Hilaire et à Belœil Station et la centrale téléphonique de la compagnie fut installée dans le magasin Goulet & Tetrault (à Belœil Station), où se trouvait un téléphone public. À partir du début du siècle, les annuaires de la compagnie Bell nous informent sur les anciens abonnés de cette époque. Il y en avait 16 à Belœil Station en 1903, et 12 à Saint-Hilaire en 1904. Deux ans plus tard, en 1906, la compagnie Bell acquérait la Compagnie de téléphone de Belœil et Saint-Hilaire. Au moment de la vente, le réseau du docteur Choquette et du marchand Guertin comptait 51 abonnés alors que celui de la Bell en avait 29.
À compter de cette époque, le central téléphonique passa à Saint-Hilaire où Cordélia Martin fut la gérante du bureau d’affaires pendant plusieurs années. Le central revint à Belœil en 1925; il y avait alors 125 abonnés. En 1940, on mit en service le téléphone automatique… Le préfixe 467 a été adopté en 1965… Nous voici déjà à l’époque actuelle…
Si vous êtes curieux d’en savoir davantage sur le téléphone, si vous voulez connaître le nom des premiers abonnés, consultez le Cahier 14 de la Société d’histoire.
— Pierre Lambert, 1994 (mis à jour en 2020)