Capsules d'histoire - Autres

La montagne n’est pas un ancien volcan …

 

La croyance selon laquelle le mont Saint-Hilaire est un ancien volcan a la vie dure. Reconnaissons que l’apparence générale de la montagne pourrait le suggérer. 

Ce relief massif, aux falaises presque verticales, a impressionné les explorateurs puis les premiers visiteurs. Les instruments de mesure n’étaient pas si perfectionnés et la conviction selon laquelle le mont Saint-Hilaire était la plus haute montagne de la province de Québec et même, pour certains, le plus haut sommet à l’est des Rocheuses se répandit. Aujourd’hui, l’altitude de la grosse colline en face de Belœil est plus raisonnable : 414 mètres (1359 pieds).

Le lac Hertel vu du Pain de Sucre. À droite, Saint-Jean-Baptiste et le mont Rougemont. (Photo : SHGBMSH, Collection Vic Gibbs, 174-034)

Saint-Hilaire, 1922. Traîneau à deux chevaux sur le chemin Richelieu (chemin des Patriotes Sud) devant la maison du maire Bruce Frederick Campbell. (SHGBMSH, fonds Armand-Cardinal)

C’est probablement quand les visiteurs ont découvert le lac Hertel depuis le Pain de Sucre qu’on a commencé à parler d’un ancien volcan, avec ce beau lac de cratère au centre. Malheureusement, il n’y a jamais eu d’éruption volcanique au mont Saint-Hilaire puisque la roche qui le compose n’est pas d’origine volcanique. Pour le comprendre, rappelons succinctement comment est apparue la montagne.

Les collines montérégiennes, dont fait partie le mont Saint-Hilaire, partagent une même origine. Il y a environ 300 millions d’années, la Terre était constituée d’un supercontinent, la Pangée. Il commença à se fragmenter il y a environ 200 millions d’années : des plaques tectoniques entraient en collision. La mer envahissait les endroits disloqués ; la région du Richelieu faisait alors partie de la plate-forme continentale d’un bouclier canadien primitif ; l’océan Atlantique prenait naissance peu à peu. 

Les roches montérégiennes résultent des forces de tension qui se développaient, il y a de 115 à 140 millions d’années, le long d’une zone de fracture profonde alors que le continent nord-américain glissait au-dessus d’un point chaud du manteau terrestre. 

Des roches en fusion s’infiltrèrent à l’endroit où se trouvent aujourd’hui les collines montérégiennes, mais sans atteindre la surface du plateau qui était à plus de 3 000 mètres au-dessus du paysage d’aujourd’hui : c’est pourquoi les roches ne sont pas volcaniques. Au mont Saint-Hilaire, elles ont de 120 à 133 millions d’années. 

Les roches de la montagne résultent d’une montée rocheuse qui s’est complètement refroidie sous un plateau continental il y a au-delà de 120 millions d’années. Ce n’est pas rien !

 

Pierre Lambert

 

La capsule a paru dans L’Oeil régional, 28 janvier 2025, p. 19.