Capsules d'histoire - Patrimoine bâti

La maison Monast-Lahaise

 

Maison patrimoniale

Façade de la maison Monast-Lahaise au 411, chemins des Moulins, Mont-Saint-Hilaire au début des années 1990. SHBMSH, fonds Armand-Cardinal.

Lorsqu’on quitte le chemin de la Montagne pour s’engager sur le chemin des Moulins, on ne peut s’empêcher de ralentir, juste après la courbe, pour contempler une de nos belles vieilles maisons : la maison Monast-Lahaise construite vers 1808. Dans le secteur qu’on appelle  « la Montagne », il s’agit de la plus ancienne concession de terre, effectuée officiellement par René-Ovide Hertel de Rouville à Jos Vinet dit l’Allemand en 1783. Plus tard, celui-ci vend sa terre à Jean Chalifou, dont la veuve la revend à Joseph Monast dit Jolicoeur le 8 juillet 1799. Jusque-là, les actes notariés ne font pas mention d’une maison de pierre.

Originaire de Saint-Mathias, Joseph Monast (aubergiste comme son père Louis-Alexandre Monast dit Jolicoeur) y avait épousé en 1788 Angélique Rebelliau dit Lajoie qui décède en 1807. Quelques mois plus tard, il se remarie avec Charlotte Macé, et comme le veut la coutume du temps quand il y a des enfants mineurs, on dresse un inventaire des biens et c’est dans ce document qu’on mentionne l’existence d’une maison en pierre « à demi rachevée ». L’année suivante, le couple baptise une fille à la paroisse Saint-Mathias, mais le registre mentionne qu’ils habitent la paroisse Saint-Hilaire. À la mort de Joseph Monast en 1822, un nouvel inventaire nous révèle que la maison de pierre est complétée. Charlotte et ses enfants continuent probablement de demeurer dans la maison puisqu’on les retrouve, toujours à la montagne, dans les recensements de 1825 et 1831. On sait que la terre demeure dans la famille Monast, mais la maison semble abandonnée quelques années jusqu’à ce qu’elle soit achetée par le nouveau meunier du seigneur Campbell en 1848 : François-Xavier Lahaise. Il appert que ce dernier est le cousin germain de l’épouse de Louis Monast (fils de Joseph et Charlotte).

Marié à Émilie Déry depuis 1835, François-Xavier s’y installe avec sa famille qui compte déjà 6 de leurs 15 enfants. Il sera le responsable du moulin seigneurial jusqu’à sa mort en 1885. Son fils François-Louis (Francis) prend la relève jusqu’à la fermeture du moulin en 1919. La maison continuera d’être habitée par des Lahaise jusqu’en 1988, lorsque Thomas (fils de Télesphore), vend la propriété. Cette demeure aura donc été habitée par les Monast et Lahaise durant 180 ans!

La maison Monast-Lahaise possède la plupart des caractéristiques de l’architecture monumentale, quoique de moindres dimensions que ses semblables. C’est un édifice de deux étages aux lignes sobres, dénué d’artifices, possédant une agréable symétrie des ouvertures (fenêtres, portes et cheminées) et un toit à pente douce. Au début du XIXe siècle, ce type de construction diffère de celui dit traditionnel d’un étage et demi (comme la maison L’Heureux sur le chemin des Patriotes). Cela permet au propriétaire d’exploiter un commerce et d’y habiter.

Lors d’un examen approfondi de la maison en 1991, on remarque qu’à l’origine la maison devait posséder un toit à quatre versants et des cheminées beaucoup plus imposantes que les cheminées en brique qu’on peut voir de nos jours. D’ailleurs, les foyers d’origine ont disparu. Armand Cardinal, le fondateur de notre Société d’histoire, y aurait bien vu une maison de la culture pour Saint-Hilaire, mais les coûts de restauration (ou à tout le moins de rénovations) s’avéraient prohibitifs. Néanmoins, les actuels propriétaires semblent conscients de la valeur que peut avoir cette demeure presque bicentenaire et c’est une chance pour nous tous de pouvoir toujours l’admirer… au détour du chemin.

 — Anne-Marie Charuest, 2021