Capsules d'histoire - Mémoire des femmes
Simonne Monet-Chartrand, féministe et femme de cœur
Issue d’une famille bourgeoise catholique, fille et petite-fille de juges et de députés, Simonne Monet (1919-1993) prend très tôt conscience des inégalités sociales et des restrictions imposées aux femmes de son époque.
Dans son autobiographie (1981) Ma vie comme rivière, elle relate son enfance heureuse et ses vacances au bord du Richelieu, où ses parents, Amédée Monet et Berthe Alain, achètent une grande maison blanche au parement de bois (1182, rue Richelieu à Belœil) où la famille passe ses étés. Ses années au pensionnat lui font réaliser ses privilèges, interdits à ses compagnes de milieux populaires. Dès 1937, à la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC), elle rencontre Michel Chartrand qu’elle épouse en 1942. En 1940, elle se joint au Bloc populaire, pacifiste et anticonscription, tout en suivant des cours d’histoire et de littérature à l’université.
En 1939, l’interdiction du vote des femmes la révolte. Féministe engagée, elle cofonde plus tard la Voix des femmes (1960), la Fédération des femmes du Québec (FFQ, 1966) et l’Institut Simone de Beauvoir de l’Université Concordia (1978). En 1968, elle soumet un mémoire à la Commission d’enquête sur la condition de la femme au Canada et publie par la suite dans des revues féministes. En 1949, elle organise des comités de soutien aux familles des grévistes de l’amiante à Asbestos. Elle devient membre du comité sociopolitique de la Centrale de l’enseignement du Québec, directrice de l’information pour le Syndicat des enseignants de Champlain et, en 1977, directrice adjointe de la Ligue des droits et libertés.
Entre 1950 et 1960, elle conjugue vie familiale (elle élève ses sept enfants) et engagement dans l’Union des familles de Longueuil et des associations de familles et de coopératives. Conférencière appréciée partout, elle publie son autobiographie et écrit sur les organisations féminines pionnières et sur le mouvement pacifiste (1981-1994). Simonne Monet-Chartrand, femme de conviction, de liberté, de justice et de paix, s’éteint à 73 ans dans sa maison de Richelieu, face à la rivière qu’elle a tant aimée.
— Louise Langevin, mars 2023
La capsule a paru dans L’Oeil régional, 30 octobre 2024, p. 27.
Références
Simonne Monet-Chartrand, Ma vie comme rivière, tomes 1 et 2, Montréal, Éditions du remue-ménage, 1981-1982.
Hélène Pelletier-Baillargeon, « Simonne Monet-Chartrand », [En ligne], L’Encyclopédie Canadienne, 2008, (Consulté le 14 février 2023).
Anne-Marie Charuest, « L’enfance voisine de Simonne Monet-Chartrand et Solange Chaput-Rolland », Notre histoire. Notre mémoire. Hommage à nos bâtisseurs, éd. par L’Œil Régional, 2000, p. 178.
« Simonne Monet-Chartrand, une militante d’exception dans l’histoire du Québec », Radio-Canada, 2018, (Consulté le 14 février 2023).
« Simonne Monet-Chartrand », [En ligne], Wikipédia, [https://fr.wikipedia.org/wiki/Simonne Monet-Chartrand] (Consulté le 14 février 2023).