Capsules d'histoire - Transports
Le voyage de Belœil à Montréal en 1927
Comment allait-on à Montréal à partir de Belœil en 1927 ? Il n’y avait à l’époque ni route 9, ni route 116, encore moins d’autoroute 20. En ce temps-là, comme aujourd’hui, on se rendait à Montréal pour diverses raisons, entre autres pour chercher ce qu’on ne trouvait pas ici. On y allait pour travailler, pour voir des spectacles, pour acheter des produits importés ou pour vendre des produits de la ferme.
Les belœillois avaient le choix de deux trains tôt le matin pour accommoder ceux qui avaient un emploi à Montréal. Ces deux trains revenaient après la journée de travail. Il y avait aussi un train l’après-midi et un dernier vers minuit. Le train, en somme était le moyen le plus sûr, le plus régulier et donc, le préféré. On pouvait s’y rendre aussi par la route. Le trajet usuel à partir de Belœil était le suivant: rue Bernard-Pilon vers le nord-ouest jusqu’au rang des Vingt-quatre (ou rang Trudeau). On tournait à gauche vers le sud, on traversait le chemin de fer à l’entrée de Saint-Basile-le-Grand pour se retrouver sur la rue Principale. On traversait le village sur cette rue jusqu’à la montée Sabourin vis-à-vis Saint-Bruno. On prenait alors la droite sur cette route jusqu’à Saint-Hubert. À Saint-Hubert, on prenait le chemin Chambly vers le nord-ouest jusqu’à la rue Saint-Charles à Longueuil. De là, on se rendait au quai pour embarquer sur le bac qui traversait le fleuve vers Montréal. Eh oui ! Pas de pont Jacques-Cartier en 1927, non plus que de pont Champlain. Seul le pont Victoria existait depuis 1859, mais il avait été réservé aux trains et aux tramways jusqu’en 1927 quand on ajouta une voie pour les voitures hippomobiles et les automobiles.
Il fallait compter une heure pour faire ce trajet en auto dans les meilleures conditions, donc sans les crevaisons ou autres pannes très fréquentes à cette époque. Les routes étaient très cahoteuses et les pneus de beaucoup inférieurs à ceux d’aujourd’hui. Une crevaison ou une panne obligeait le conducteur à trouver un endroit sécuritaire pour s’arrêter. Les routes étant étroites, c’était risqué de s’arrêter sur le chemin pour quelque raison que ce soit. Enfin, on pouvait aussi prendre l’autobus qui allait à Montréal par la même route, matin et retournait le soir.
En 1927, les voies publiques servaient encore surtout aux voitures hippomobiles. Les routes n’étaient généralement pas pavées. Les autos étaient rares et ce n’est qu’après le deuxième guerre mondiale que leur nombre augmenta rapidement. À l’arrivée de l’hiver, les autos et camions disparaissaient des routes de campagne enneigées. Au mieux sur celles-ci, on « roulait » la neige pour faciliter le passage des chevaux et des carrioles. Depuis 1927, les moyens de transport ont bien changé et les habitudes des gens aussi.
Merci à Édouard Aubry de Belœil pour la générosité de son temps et de ses souvenirs.
— J.-Roger Cloutier, 1999 (mis à jour en 2020