Capsules d'histoire - Transports

Les « voyages de plaisir » au mont Saint-Hilaire

 

La navigation, autrefois si active sur le Richelieu au début du XXe siècle, avec le bateau à vapeur, le Ferdinand, qui pouvait contenir jusqu’à 250 personnes. SHBMSH, fonds Pierre-Lambert.

C’est avec le développement de moyens de transport collectif (bateaux et trains à vapeur), relativement rapides et bon marché que les populations des villes commencèrent, au milieu du XIXe siècle, à visiter des régions éloignées de leur lieu de résidence et que le tourisme se démocratisa. La rivière Richelieu à compter des années 1830, est naviguée par des bateaux à vapeur qui transportent marchandises et voyageurs d’un lieu à l’autre. Mais c’est la construction de la croix sur le mont Saint-Hilaire, en 1841, qui constitue vraiment l’élément déclencheur du tourisme d’excursion dans notre région.

À compter de cette époque, les compagnies de bateaux à vapeur mettent sur pied des voyages de plaisir à l’intention des Montréalais qui veulent aller admirer la fameuse croix. Voici une publicité tirée de La Minerve et présentée dans la typographie d’alors:

Voyage de Plaisir
AU MONT SAINT-HILAIRE SI LE TEMPS LE PERMET

LE BATEAU À VAPEUR DAVID AMES, CAPT. LESPÉRANCE, Laissera ce port SAMEDI prochain, Fête de la St. Pierre, à 7 ½ du matin, pour SAINT-HILAIRE, et se rendra dans l’après-midi, afin que les passagers puissent visiter la Montagne et le Calvaire; et retournera le DIMANCHE dans l’après-midi. On pourra se procurer des rafraîchissemens à bord : -Prix du passage pour aller et revenir 5s. Montréal, ce 27 juin [1844].

L’écrasement de la croix du mont Saint-Hilaire, tout en créant une commotion sur le plan religieux, entraîne sans doute une diminution du tourisme d’excursion. À compter de 1849, toutefois, la nouvelle voie ferrée qui passe à Saint-Hilaire permet de relancer ces voyages du dimanche, même si les excursionnistes ne peuvent désormais contempler que la charpente de l’énorme croix abattue par la tempête trois ans plus tôt.

En août 1850, La Minerve annonce un Voyage de plaisir au Mont Saint Hilaire:

PAR LE CHEMIN DE FER
Dimanche prochain, le 1er septembre, aura lieu UN VOYAGE DE PLAISIR, au MONT-ST. HILAIRE.

Le Bateau à Vapeur STE. HÉLÈNE, Capitaine L’Espérance, mouillera au quai JACQUES CARTIER jusqu’à 8 heures du matin, pour recevoir les passagers et les conduire au débarcadère du Chemin de Fer de Longueuil.

Les CHARS partiront de Longueuil à 8 ½ heures précises et arriveront vis-à-vis l’église de St. Hilaire, à temps pour permettre aux voyageurs d’assister à la grande messe.

Après l’office les chars retourneront à la station de St.Hilaire, où des voitures seront prêtes à conduire les passagers au Mont St.Hilaire.

Les passagers sont priés de se pourvoir de rafraîchissements.

Les trains laisseront la station pour Longueuil, à 6 heures, P. M.

Prix du passage, y inclus les traverses du bateau à vapeur et l’emploi des charretiers à St. Hilaire, 5s.

Le temps ne le permettant pas, le voyage n’aura pas lieu.

Les publicités dans La Minerve étaient rares et on est porté à croire que ces voyages d’un jour étaient exceptionnels. Ils furent remplacées, à compter de 1886, par des excursions au parc Otterburn, qui devint rapidement un lieu apprécié des Montréalais qui voulaient faire un voyage de plaisir.

 

— Pierre Lambert, 1999 (mis à jour en 2020)