Capsules d'histoire - Vie religieuse
En 1995, la paroisse de Saint-Hilaire a eu 200 ans
La paroisse Saint-Hilaire fut fondée le 21 décembre 1795 à la demande de Melchior Hertel, quatrième seigneur de Rouville, pour desservir ses censitaires établis au village, sur les bords du Richelieu. Tout autour existaient déjà les paroisses de Saint-Mathias, Belœil, Saint-Charles et Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville. Trois ans âpres, on construira, sur un terre-plein donné par le seigneur, un presbytère-chapelle qui fera office d’église et de salle de réunions durant trente- neuf ans.
Augustin Leblanc, bâtisseur d’églises de Nicolet et le maitre- maçon Joseph Doyon de Belœil entreprendront, en 1830, la construction d’un temple a la récollette qu’ils livreront bien qu’inachevé pour la célébration de Noël 1837. Depuis cette époque, artistes et artisans démarqueront la belle église Saint-Hilaire de ses églises-sœurs de la vallée du Richelieu. Voit-on ailleurs qu’ici des fenêtres cintrées à la romane sur les murs latéraux, tandis que les ouvertures de la façade, de même que la voûte et les colonnes sont ogivales? Aurait-on, une fois érigée la maçonnerie latérale, pris modelé sur l’église Notre-Dame de Montréal, oeuvre néogothique de l’architecte James O’Donnell? Il semblerait que oui, car vers 1854, c’est a un autre architecte anglo-protestant, Frederick Lawford (venu a Saint-Hilaire bâtir un manoir de style Tudor pour le seigneur Campbell) que fut confie le dessin des autels et du chœur de l’église.
Quarante ans plus tard, en 1894, le curé Quemeneur-Laflamme prie le célèbre artiste-peintre canadien Ozias Leduc, natif de Saint-Hilaire, de décorer l’intérieur de l’église. Dans la force de l’âge et déjà réputé pour la sobriété de son style, Leduc entreprend ici le chef-d’oeuvre des trente-huit églises décorées par lui durant sa longue vie d’artiste. Leduc mettra devant les yeux de ses co-paroissiens une panoplie de symboles : l’Assomption de la Vierge Marie, Saint Hilaire de Poitiers, l’Ascension du Christ, l’Adoration des Mages, les sept sacrements, les quatre évangélistes.
Le chœur de l’église de la paroisse de Saint-Hilaire, en 1930. SHBMSH, fonds Armand-Cardinal.Si Leduc a puisé ses sujets dans l’histoire de la chrétienté, ses portraits, paysages et colons s’inspirent des gens, de la nature et des teintes de Saint-Hilaire. Ses personnages bibliques sont modèles sur ses parents et ses voisins; les sites de ses tableaux sont ceux des forêts, vergers et champs de la vallée du Richelieu et sa palette, enfin, se compose des couleurs de la montagne, de la rivière et des ciels de Saint-Hilaire.
La vieille église de Saint-Hilaire est certes un plaisir pour l’œil, mais elle l’est également pour l’oreille. Ses éléments de bois (voûte, colonnes, plancher, jubé et mobilier) lui confèrent une qualité acoustique exceptionnelle, idéale pour la présentation de concerts de musique vocale et instrumentale. Bien que les gouvernements provinçial et fédéral reconnaissent le caractère exceptionnel de l’église de Saint-Hilaire en classant l’édifice monument historique et en déclarant bien culturels les tableaux d’Ozias Leduc, rien ne pourra se substituer à la vigilance du pasteur, des marguilliers, des paroissiens et des citoyens de Saint-Hilaire pour préserver ce trésor patrimonial dans son intégrité.
Deux cents ans après sa fondation, la paroisse Saint-Hilaire dessert une communauté chrétienne engagée et généreuse sous la bienveillante direction de son pasteur. Le curé Aurèle Beauregard.
— Michel Clerk, 1994