Capsules d'histoire - Vie religieuse

Il y a 150 ans le fameux Chiniquy prêchait à Belœil et Saint-Hilaire

 

L’abbé Charles Chiniquy. SHBMSH, fonds SHBMSH.

Au cours des années 1800-1840, l’alcoolisme était devenu un véritable fléau aux États-Unis et au Canada. Les boissons alcooliques étaient tellement bon marché qu’on disait qu’il en coûtait moins cher de boire que de se nourrir. Les désordres publics se multipliaient au point que les églises protestantes et catholique résolurent de donner un coup de barre important en mettant sur pied des retraites et des sociétés de tempérance.

Au Québec, des curés du diocèse de Québec se mettent à prêcher la tempérance à compter de la fin des années 1830. La première société catholique de tempérance est créée en mars 1840 par l’abbé Charles Chiniquy, curé de Beauport. Chiniquy est un prédicateur très réputé dans la région de Québec. En avril 1844, il publie son Manuel de Tempérance qui devient vite très répandu. Au début d’octobre 1846, il arrive dans la région de Montréal et, au tournant de 1848, Mgr Bourget l’invite à prêcher la tempérance dans son diocèse.

Les Belœillois manifestent à cette époque leur désir d’une retraite de tempérance et l’abbé Chiniquy, après avoir prêché dans 12 paroisses, termine sa tournée à Belœil le 21 septembre. Un total de 1 100 paroissiens adhère alors à l’association de tempérance. Au mois de mai 1849, le juge Mondelet, au nom de la Ville de Montréal, lui présente une médaille d’or sur laquelle il est désigné comme l’Apôtre de la Tempérance, désignation confirmée officiellement treize mois plus tard par l’évêque Bourget. En 1851, Chiniquy visite Saint-Hilaire et il y agrège 850 membres à la tempérance.

Si l’abbé Chiniquy est devenu fameux, ce n’est pas uniquement à cause de ses talents oratoires, qui étaient très grands, mais parce qu’il abjura sa foi catholique. Il avait fait l’objet de plaintes à l’effet qu’il avait séduit plusieurs femmes et faisait preuve d’un trop grand esprit d’indépendance. Il dut quitter Montréal pour les États-Unis où il fut excommunié en 1856. Il se rallia alors à l’Église presbytérienne. Il revint bientôt dans la province pour prêcher contre le catholicisme et, à la fin de février 1859, il échappait de justesse à une tentative d’assassinat survenue au mont Saint-Hilaire.

— Pierre Lambert, 2001 (mis à jour en 2020)