Capsules d'histoire - Vie religieuse

Le presbytère de Belœil

 

Le presbytère de Belœil, avec, à droite, la salle des habitants, construite en 1864 et démolie en 1936. Photo prise à la fin du XXe siècle. SHBMSH, fonds Pierre-Lambert.

Considéré comme le plus vieil édifice de pierre de Belœil, le presbytère de Saint-Matthieu rappelle les difficultés de la paroisse naissante et la détermination de ses premiers habitants. Au mois de juin 1768, l’évêque de Québec visitait son immense diocèse et s’arrêtait à Belœil où il reçut la liste de tous les colons qui désiraient la construction d’une nouvelle église. L’édifice, un presbytère-chapelle, fut construit en pierre de 1768 à 1772.

Jusqu’à l’ouverture de l’église de Belœil en 1787, le presbytère servira de chapelle au desservant de St-Charles et aux premiers curés de Belœil. Tout au long de ces années, les habitants s’y réuniront pour élire les baillis (les ancêtres de nos maires), et les marguilliers, pour l’adjudication des bancs de l’église de même que pour l’élection des syndics pour les différents travaux d’entretien de l’église et du presbytère, pour la construction des écoles et la surveillance des maîtres, pour la construction des ponts et le creusage des fossés…

Le presbytère fut donc pendant longtemps un lieu de rencontre et de discussions (et d’engueulades aussi, sans doute) très important. Il faut comprendre que ce presbytère, les habitants avaient payé pour l’obtenir, en fournissant le travail, les matériaux, les chevaux, le logement aux ouvriers; ils avaient hérité également d’une dette considérable lors de la construction de l’église en 1784-1787. Les paroissiens considéraient donc que ces bâtisses leur appartenaient et que les curés n’étaient que des locataires de leur presbytère.

En 1827, l’édifice était agrandi, passant de 50 x 36 à 70 x 36 pieds. On utilisa probablement la pierre du mur du côté qu’on agrandissait pour la poser à l’avant (et partiellement en arrière). C’est ce qui explique que l’agrandissement de 1827 n’est pas perceptible sur la façade du presbytère. En 1837, cette résidence sera associée à la rébellion des patriotes. Lorsque les troupes de Wetherall s’installent à Saint-Hilaire lors de leur avance vers Saint-Charles, un soldat chargé de surveiller la route entre Belœil et Saint-Marc est blessé et est transporté au presbytère pour être soigné. En 1864, on ajoutait du côté nord un appendice en brique (démoli en 1936) qui servit de cuisine d’été et de salle pour les habitants. La longue lucarne qui s’étend sur toute la façade actuelle date d’environ 1930, comme d’ailleurs la grande véranda. Le petit bureau du coin arrière a été ajouté vers 1965-66.

De nos jours, le presbytère ne possède plus cette fonction sociale qu’il possédait autrefois. Mais, par la place primordiale qu’il a longtemps détenue, il constitue un lieu important de l’histoire de Belœil.

 

— Pierre Lambert, 1994 (mis à jour en 2020)